Michael Jackson a été ma première idole. Comme tant d’autres enfants, j’ai grandi avec ses chansons, ses clips, ses pas de danse. Il était partout : dans les chambres d’ados, sur les murs des villes, dans les stades du monde entier. Il était universel.
Né noir, devenu blanc, il incarnait à lui seul une traversée des couleurs et des frontières. Même les humoristes, comme Les Inconnus, s’étaient amusés de cette métamorphose en le qualifiant de « gris ». Un mot qui, sans le vouloir, résumait bien cette dimension universelle : Michael Jackson n’appartenait plus à une culture, il appartenait à toutes.
Tout commence avec les Jackson 5, ce groupe de gamins prodiges dont Michael, encore enfant, était déjà la voix d’or et l’âme. L’histoire se poursuit avec The Jacksons, puis avec une carrière solo fulgurante.
« Off the Wall », « Thriller », « Bad », « Dangerous »… autant d’albums devenus des monuments. Thriller reste à ce jour l’album le plus vendu de l’histoire, avec plus de 60 millions d’exemplaires écoulés. Mais au-delà des chiffres, il y a ce que ces disques ont représenté : des jalons de la culture mondiale, une révolution musicale et visuelle.
Michael Jackson n’était pas qu’un chanteur. Il était un danseur hors norme, un showman inégalé, un visionnaire qui a transformé le clip en œuvre d’art. Son moonwalk reste encore aujourd’hui l’un des gestes les plus iconiques de la pop culture.
Mais derrière le génie, il y avait l’homme.
Un homme fragilisé par une enfance volée, enfermé dans un personnage public démesuré, transformé physiquement au point de devenir méconnaissable. Un homme aussi poursuivi par des procès médiatisés pour abus sexuels sur mineurs — accusations jamais prouvées, mais qui ont laissé une empreinte indélébile sur son image.
Quand Michael est mort en 2009, d’une overdose de médicaments, le monde entier a pleuré. Pourtant, depuis, une gêne s’est installée. Peut-on encore célébrer Michael Jackson sans malaise ? Peut-on encore danser sur « Billie Jean » ou « Beat It » sans arrière-pensée ?
Aujourd’hui, Michael Jackson reste une référence. On l’entend encore dans des pubs, on le voit repris sur TikTok, mais son nom provoque des silences. Comme si les accusations avaient tué une partie de son aura.
Et pourtant, qui peut nier la puissance de sa musique ? Aucun autre artiste n’aura autant marqué la pop mondiale. Michael Jackson n’était pas seulement un chanteur : il était un langage universel, compris aux quatre coins de la planète.
Parmi toutes ses chansons, celle qui me bouleverse le plus reste « Man in the Mirror ». Dans ce titre, Michael ne parle pas de gloire, ni de danse, mais d’introspection et de responsabilité.
« If you wanna make the world a better place,
Take a look at yourself and then make a change. »
Traduction :
« Si tu veux rendre le monde meilleur,
Regarde-toi dans le miroir et commence par changer toi-même. »
Tout est là : l’idée que le changement commence en nous, que chacun peut être acteur d’un monde meilleur. C’est un message simple, mais profondément humain. Et il dit beaucoup de qui était Michael Jackson au fond : un artiste qui, malgré ses failles, croyait encore à la force de l’amour et de la transformation personnelle.
Alors, qu’avons-nous fait de Michael Jackson ?
Nous avons célébré son génie, pleuré sa disparition, puis nous l’avons laissé dans une zone grise, entre admiration et malaise.
Mais peut-être que le vrai héritage de Michael Jackson ne se mesure pas seulement en records de ventes ou en pas de danse immortels. Peut-être qu’il se mesure dans ce qu’il a laissé en nous : une envie de rêver, de danser, de croire à l’universalité de la musique.
Michael Jackson restera à jamais le King of Pop.
La vraie question n’est pas tant qu’avons-nous fait de lui ?, mais qu’allons-nous faire de son héritage ?