C’est une question que je me pose souvent, presque à chaque fois que je travaille sur un nouveau projet : combien de morceaux doit contenir un album ? Quelle doit être sa durée ? Est-ce que je dois viser un format précis ou me laisser porter par l’élan créatif du moment ?
Dans ma démarche de composition, la durée d’un album est toujours variable. Parfois, l’inspiration vient avec une matière très dense, un concept fort qui nécessite du temps pour se déployer. D’autres fois, quelques morceaux suffisent pour dire l’essentiel. Je me fie beaucoup à ce que la musique me dicte. Mais une chose est sûre : je ressens souvent qu’il existe une durée idéale, une sorte de juste milieu entre l’expressivité et l’écoute attentive.
J’aime profondément tous les formats. Le single a ce côté immédiat, brut, comme une photographie prise sur le vif. L’EP permet d’explorer une idée sans l’étirer artificiellement. Et l’album complet, le fameux LP, reste pour moi une forme noble, un espace où on peut raconter une histoire complète, développer une esthétique sonore, poser une atmosphère.
Je n’aime pas le formatage excessif. Pourtant, paradoxalement, en tant qu’auditeur passionné, j’ai mon propre format de prédilection : un album de 8 titres, d’environ 40 minutes. C’est un format hérité du vinyle, avec ses deux faces de 4 morceaux. Ce n’est pas un hasard si tant de chefs-d’œuvre du rock et du métal ont été façonnés de cette manière : les albums de Led Zeppelin, ceux d’Iron Maiden… Et puis surtout, mon album préféré depuis 30 ans, Focus du groupe de metal progressif Cynic, répond parfaitement à cette logique. Huit titres, une durée mesurée, et pourtant une richesse musicale et spirituelle incroyable.
Ce que je trouve fascinant, c’est que le nombre de morceaux d’un album porte parfois une signification plus profonde. Un disque de 9 ou 11 titres sonne différemment qu’un album de 8 ou 10 morceaux. Est-ce une coïncidence ou une sensibilité inconsciente ? Il y a parfois, derrière ces choix, des éléments symboliques ou mystiques. Le chiffre 8, par exemple, avec sa boucle infinie, évoque l’éternité, le cycle, l’équilibre parfait. Le 9 est souvent vu comme un chiffre de complétion spirituelle. Le 10, lui, sonne comme un aboutissement.
Je ne cherche pas toujours à rationaliser ces décisions, mais j’aime l’idée qu’un album puisse porter des couches cachées, des détails invisibles mais perceptibles. Parfois, choisir un nombre impair de morceaux crée un léger déséquilibre, une tension volontaire qui donne à l’ensemble une résonance différente — comme dans un de mes autres albums préférés, Countdown to Extinction des légendes du thrash Megadeth, avec ses 11 brûlots métalliques.
Au final, je crois qu’il n’y a pas de règle absolue. Chaque projet dicte sa propre loi. Mais j’aime poser ces questions, réfléchir à ces choses qui dépassent le simple « nombre de pistes ». Un album, c’est plus qu’un ensemble de chansons. C’est une œuvre avec son propre souffle, sa propre horloge interne. Que ce soit 6, 8 ou 11 morceaux, ce qui compte, c’est l’intention, la cohérence, et l’impact que cela crée chez celui qui écoute.
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