Créer sans contrainte. Sans laisse. Sans maître ni producteur derrière l’épaule pour dicter ce qui se vend ou ce qui plaît. C’est un choix. Une ligne de conduite. Une nécessité vitale.
J’ai toujours mis un point d’honneur à préserver ma liberté artistique, coûte que coûte. Il m’a paru inconcevable de sacrifier l’authenticité d’une œuvre sur l’autel du marché ou des logiques de carrière. La création n’est pas, pour moi, une stratégie. Ce n’est pas un outil de promotion. Ce n’est pas non plus un tremplin vers une célébrité de pacotille. C’est un espace sacré. Une zone franche. Un territoire intérieur que je refuse de brader.
Tant pis si cela implique de garder un « métier alimentaire » à côté. Tant mieux, même. Ce choix m’a offert un luxe que beaucoup n’ont pas : celui de ne pas faire de compromis. De ne pas faire « le tapin » artistique. De ne pas aller chercher des cachets pour remplir un quota, pour maintenir un statut ou survivre dans un système qui pousse à la productivité, à l’alignement, à la répétition.
J’ai vu des amis, des camarades de route, des artistes sincères, devenir des exécutants résignés, obligés de cachetonner pour boucler leurs droits d’intermittence. J’ai vu la passion s’étioler à force de concessions. J’ai vu l’urgence créative étouffée sous la pression du format, de la commande, de l’attente du public ou des financeurs.
Ce n’est pas une critique de leur choix — chacun fait avec ses réalités. C’est un refus de faire le même.
Créer libre, c’est accepter de sortir du cadre. Parfois d’être à contre-courant. De ne pas être reconnu dans les cercles institutionnels. De rester invisible aux yeux de certains. Mais c’est aussi, paradoxalement, la seule manière pour moi de rester fidèle à ce qui m’a poussé à créer en premier lieu : une nécessité intérieure, une voix singulière, un besoin d’expression qui ne cherche pas à plaire, mais à être juste.
Je ne veux pas de compromis avec ma musique, mes textes, mes images. Je ne veux pas qu’un label décide du format, qu’un producteur trie les morceaux selon leur potentiel commercial, qu’un distributeur me dise ce que je dois changer pour rentrer dans les playlists.
Je préfère la marge à la soumission. Le silence à la trahison de moi-même. L’authenticité à la visibilité à tout prix.
Créer libre, c’est plus qu’un acte artistique : c’est un acte de résistance.
Et tant qu’il me restera cette force de dire non, je continuerai à tracer ma route, à mon rythme, avec mes propres règles.
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